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Alors que le 23 juin prochain, le génie mathématicien et pionnier en informatique Alan Turing aurait fêté ses 100 ans, la couronne saisit l’occasion pour lui faire honneur et lui rendre hommage.
Peut-être, vous demanderez-vous à quoi cela rime de donner une importance nationale à un cryptologue, au point d’imprimer des billets à son effigie.
Deux sentiments majeurs ont poussé le pays à accorder une telle place à Alan Turing : la reconnaissance, mêlée à la culpabilité. Tout d’abord, afin de comprendre ce témoignage de reconnaissance, un retour vers le siècle dernier s’impose, plus précisément pendant la Seconde Guerre mondiale. Alan Turing a amplement participé à La Grande Guerre, en épargnant plusieurs millions de vies grâce au décryptage du code de la machine Enigma qu’il a rendu possible. En effet, sans son génie, les Alliés n’auraient pas été en capacité de lire les messages émis par les Allemands depuis leurs sous-marins. Alors, sans être au front, Alan Turing a, lui aussi, défendu son pays et épargné des vies en permettant d’abréger la guerre et ses dégâts.
Aussi, son influence ne s’est pas arrêtée après un tel exploit, car après avoir participé à la défaite de l’Allemagne nazie, l’homme de science a consacré son temps à une technologie dont nous ne saurions pas nous passer aujourd’hui : l’informatique. Voilà une autre raison pour laquelle Turing inspire la gratitude, car il est en grande partie à l’origine du système informatique dont nous disposons, et des technologies que nous verrons apparaître demain. Lui-même le disait : « Ce n’est qu’un avant-goût de ce qui est à venir et seulement l’ombre de ce qui va se passer. » Et de fait, alors que nous lisons cet article, des essais pour développer l’intelligence artificielle ont lieu, en partie grâce à l’héritage que ce génie britannique a laissé derrière lui.
Alors, c’est la grande contribution à la science qu’a apportée cet homme et les répercussions qu’il a eues sur la vie quotidienne du monde entier, depuis la Grande-Bretagne, qui pousse le pays à lui conférer cette aura, en le faisant apparaître sur le billet de £50, afin de lui la place qu’il mérite dans l’identité nationale.
Toutefois, derrière cette gratitude, se trouve aussi la culpabilité. Et pour cause, alors même que cet homme a consacré sa vie à offrir des avancées de taille à son pays, à l’époque, sa nation n’a pas su le remercier autrement qu’en causant sa mort. Car Alan Turing était un homme de science, certes, mais il était aussi homosexuel. Or, l’Angleterre ne manque pas de manifester son homophobie lorsqu’en 1952, elle condamne Turing pour avoir eu une relation avec un homme du même sexe que le sien, un acte jugé comme un “attentat à la pudeur”.
Ainsi, si beaucoup ignoraient qui était Alan Turing, ce n’est pas le cas des membres de la communauté LGBTQ+ qui partagent le combat que Turing aurait certainement voulu mener de son vivant. Cela, il n’a pas été en capacité de le faire, car, s’il n’a pas été emprisonné, il a été condamné à l’injection de cyanure afin d’être chimiquement castré pour “traiter” son homosexualité qui était, sans fondement, considérée comme un danger à éradiquer. Deux ans plus tard, Alan Turing a succombé à cet empoisonnement que le pays s’est empressé de faire passer pour un suicide.
Alors, c’est ainsi qu’il y a maintenant 67 ans, l’Angleterre a remercié le génie qui, lui, l’avait pourtant bien épargnée. Aujourd’hui, la couronne entend se racheter. En 2013, déjà, un pardon royal a été adressé à Turing. Puis, trois ans plus tard, le pays étendait ses excuses à tous les autres homosexuels ayant été condamnés à l’emprisonnement.
Ainsi, en lui accordant une telle place, la Grande-Bretagne fait un pas symbolique envers la communauté homosexuelle, et s’engage à ne plus reproduire une quelconque persécution. À la tête du service gouvernemental du Royaume-Uni, Jeremy Fleming soutient que “Son héritage nous rappelle combien il est important d’accepter tous les aspects de la diversité, mais aussi tout le travail qu’il reste à accomplir pour devenir véritablement inclusifs.” Et pour cause, aujourd’hui plus que jamais, on défend et on soutient la diversité, dans le but d’éviter que de tels drames ne se reproduisent. Toutefois, il n’est pas certain que la communauté LGBTQ+ pardonne en retour, car après avoir donné la mort, il est difficile de se réjouir de ces excuses qui, dans tous les cas, n’offrent pas de retour en arrière possible.
Pourtant aujourd'hui
L’Angleterre essaye tant bien que mal de formuler des excuses à la hauteur de sa condamnation. Sa décision est donc d’accorder le 23 juin prochain une forme d’immortalité à Alan Turing, comme pour lui redonner les années d’existences qu’elle lui a injustement ôtées.
D’une certaine façon, de la même manière qu’il a ouvert la voie aux avancées technologiques, Alan Turing ouvre celle de la diversité et de sa représentation à l’échelle nationale. Et pour cause, jusqu’alors, les billets de l’Angleterre ne sont pas les plus représentatifs de l’intégralité de la société. Winston Churchill figure sur le billet de £5 et Joseph Mallord William Turner sur celui de £20, autrement dit deux personnes du sexe masculin, hétérosexuels et à la couleur de peau tout à fait claire… Aussi, excepté la reine, seule une femme bénéficie de cette renommée nationale que confère la monnaie : la célèbre romancière du XVIIIe siècle, Jane Austen.